Rencontre avec Thierry Lejeune, vigneron à Bruxelles

Passionné de vin depuis son plus jeune âge, Thierry a eu une longue carrière dans le secteur de l’imprimerie avant de créer Gudule Winery en 2018. Ce chai situé dans le centre-ville de Bruxelles est un véritable succès. Thierry y allie sa passion pour le vin et ses compétences de gestion d’entreprise. 

Chez Wecandoo depuis 2021, Thierry a déjà accueilli plus de 1200 participants qui relèvent la convivialité et l’authenticité de ses ateliers. Ses ateliers de visite et dégustation ne désemplissent pas et Thierry s’épanouit en partageant sa passion. Découvrez son retour d’expérience et ses conseils dans cet article.

Retrouvez les ateliers de Thierry sur Wecandoo.

Wecandoo : Hello Thierry ! Est-ce que tu peux nous raconter comment tu es devenu vigneron ?

Thierry : Je me suis intéressé au vin très jeune au point de devenir passionné par le sujet.
Et cette passion m’a amené à développer beaucoup de connaissances sur le vin, mais plutôt du côté consommateur / dégustateur.

Je suis le genre de personne dans les mains de qui la carte des vins arrive systématiquement quand je suis au resto avec des amis. Ou celui à qui un copain va demander : tu servirais quel vin avec ce plat ? Quand je suis en vacances quelque part, c’est rare que ce ne soit pas dans une région viticole. Et sur place, je préfère largement la fraîcheur des caves des vignerons à la plage.

Thierry dans son chai bruxellois

Mais rien ne me prédestinait à faire de cette passion une profession. J’ai une formation en gestion et avant le vin, j’ai passé toute ma carrière  dans le secteur de l’imprimerie, essentiellement en tant que dirigeant d’entreprise.
En 2018, j’ai créé Gudule Winery, trait d’union entre ma passion pour le vin et mes gènes d’entrepreneur.

Tu es assez engagé dans ta production. Je sais par exemple que tu fais du bio et de l’économie circulaire. Est-ce que tu peux nous en dire plus ? Qu’est-ce que ça veut dire concrètement pour toi ?


Produire exclusivement du vin bio était une évidence pour moi dès le lancement du projet. Le vin est typiquement un produit de plaisir et de partage et un produit de civilisation. Et si on peut le produire en respectant au mieux notre planète et la santé des consommateurs, c’est comme ça qu’il faut le faire. 

La voie du bio est une des voies qui va dans ce sens-là, et c’est celle dans laquelle j’ai décidé de m’engager. Après, je ne suis ni un saint, ni complètement naïf : quand on produit quelque chose, il me paraît difficile, pour ne pas dire impossible, d’avoir un impact zéro sur l’environnement. Mais tout ce qu’on peut faire pour réduire cet impact au maximum doit être fait.

Les vignes partenaires

Tu produis du vin, sans posséder de vignes. Un beau défi relevé ! Pourquoi est-ce que tu as pris cette décision ? Est-ce qu’il a des bénéfices ? Des inconvénients ?

J’ai pu observer à Bruxelles le développement des micro-brasseries qui est un phénomène majoritairement urbain et l’entrepreneur et l’amateur de vin que je suis s’est dit : pourquoi ne pas s’inspirer de ce modèle pour produire du vin en ville ?


Et mon projet de chai urbain reprend effectivement pas mal des codes de la micro-brasserie : la liberté de produire ce que vous avez envie de produire plutôt que ce qui vous est imposé par un cahier des charges, la créativité des produits qui en découle, la proximité avec le consommateur et la nécessaire transparence que cela implique par rapport à ses méthodes de production, …

Puisque j’avais décidé de produire du vin sans quitter Bruxelles, je n’avais donc pas beaucoup d’autre choix que de mettre en place des collaborations avec des vignerons possédant des vignes pour me fournir en raisin auprès d’eux.

C’était effectivement un fameux challenge, mais relevé avec brio si on se réfère aux nombreuses récompenses que mes différents vins ont obtenues depuis mes débuts.

Arrivage de la production viticole au chai de Bruxelles

Le bénéfice principal de mon modèle est de me permettre de créer des vins uniques qui portent la signature de Gudule sans chercher à ressembler à tel ou tel vin. Ce n’est pas juste un vin en plus que je mets sur un marché qui est à la base déjà en surcapacité : c’est un vin différent. Et comme le modèle de chai urbain que j’ai conçu repose sur un sourcing à l’échelle européenne, j’ai accès à une très grande quantité de vignobles et de cépages, ce qui me donne un potentiel quasi illimité de créativité pour produire ces vins différents.

Évidemment, produire en ville ne se fait pas non plus sans contrainte : la production et le stockage du vin demandent des surfaces peu disponibles en ville. Le coût est bien plus élevé en ville (et dans une capitale) qu’à la campagne. Les problèmes de mobilités urbaines ne sont pas non plus sans impact sur mon activité : par moment, le vin demande une attention de tous les instants et le fait que j’habite de l’autre côté de la ville par rapport au chai ne me facilite pas les choses quand on sait qu’il faut parfois 1h pour traverser la ville. La gestion des effluents est également plus compliquée en ville.

Tu peux nous partager un défi que tu as rencontré dans ta carrière de vigneron ? Comment tu l’as surmonté ? Quelles leçons as-tu pu en tirer ?

Le défi à la base était de produire directement de vins très qualitatifs alors que je n’avais aucune expérience en la matière. De plus, je voulais être impliqué dans cette production et ne plus me contenter d’un rôle de manager comme c’était le cas dans ma carrière précédente.

Les vins Gudule


Dans ces conditions, atteindre directement le niveau qualitatif que Gudule a pu proposer dès le premier millésime est un vrai exploit

Pour y arriver, j’ai commencé par suivre une formation et je me suis surtout fait accompagner par les bonnes personnes qui m’ont aidé à faire les bons choix et qui m’ont aidé à acquérir un maximum de compétences.

Cet apprentissage est bien entendu un processus continu : je reste ce qu’on appelle dans le milieu vigneron un “néo” et j’ai encore énormément à apprendre.

La leçon que je peux en tirer est que la détermination est une arme qui peut mener loin et qu’il ne faut jamais se reposer sur ses acquis.

En plus de la production, tu animes des dégustations pour partager ta passion. Qu’est-ce qui te plaît dans l’animation de ces ateliers de découverte ?

Ateliers animés par Thierry

La réponse est comprise dans la question …
Je suis passionné par ce que je fais et comme dit plus haut, je fais des produits qui se partagent. C’est donc naturel que j’aime partager cette passion.
Au début de mes ateliers, je dis toujours aux participants que j’ai 3 objectifs :
– Leur faire passer un bon moment
– Leur faire apprécier mes vins
– Faire en sorte qu’ils repassent ma porte en ayant appris l’une ou l’autre chose sur le vin

Tu as rejoint Wecandoo en 2021 et tu as déjà accueilli plus de 1000 participants. Bravo ! Tu as une stratégie particulière pour faire connaître tes ateliers et booster tes ventes ? Des recommandations ou des conseils pour les artisans de la communauté ?

Compte Instagram de Gudule

Dire que je suis super actif en la matière serait mentir …
Je me repose essentiellement sur le marketing … de Wecandoo et sur le bouche-à-oreille. Et un peu de pub sur les réseaux sociaux de temps à autre. Mais cela fait 6 mois que j’ai arrêté ça et mes ateliers sont réservés à plus de 80% jusqu’à fin novembre.

Tu peux nous partager une anecdote mémorable ou une expérience valorisante que tu as vécue lors de l’animation d’un atelier ?

Ça m’arrive régulièrement que les participants m’applaudissent à l’issue de l’atelier et me complimentent spontanément pour ma passion. C’est à la fois un peu gênant pour l’introverti que je suis, mais c’est aussi valorisant, car ça me montre que ce même introverti est capable de sortir de sa réserve pour partager sa passion.

Participants à des ateliers de Thierry

Tu as déjà planifié 186 ateliers sur les 3 prochains mois. Wow ! Comment fais-tu pour planifier tes ateliers ? Et comment arrives-tu à créer un équilibre entre ta production et tes ateliers ?

Je planifie d’office 6 dates par mois : 4 en français, une en néerlandais et une en anglais. Chaque atelier a une capacité maximale, volontairement limitée à 15 personnes : je veux que ça reste convivial et je veux pouvoir être dans l’échange avec les participants.

Ça me laisse encore la possibilité d’accepter l’une ou l’autre demande de privatisation ou de créneau chaque mois.

Le problème n’est pas tellement l’équilibre entre la production et les ateliers : ceux-ci se déroulent essentiellement en fin de journée. C’est parfois plus délicat en période de vinification comme ces dernières semaines où je suis très occupé et où le rythme de mes journées est dicté par le rythme des fermentations que seule la nature maîtrise. Je me retrouve donc parfois à recevoir les gens en tenue de travail et un peu crado (le raisin et le vin,ça salit !), avec mon chai en plein désordre avec de l’eau partout au sol. Mais au final, les gens aiment ça, car c’est de l’authenticité et c’est ça qu’ils veulent voir.

Le vrai équilibre à trouver est plutôt celui avec la vie de famille. D’autant plus que je suis grand-père depuis 2 mois.

Est-ce que tu as des recommandations dans la gestion du calendrier d’ateliers à partager aux artisans de la communauté ?

Planifier à l’avance au maximum en tenant compte de votre vie de famille et de vos autres activités : ma famille a dû s’adapter, mais elle sait que je dois être prévenu de tout événement.

Commentaires de participants suite aux ateliers avec Thierry


Ne pas s’interdire d’annuler un événement  en dernière minute même si Wecandoo te met la pression. Il faut savoir où on met ses priorités dans la vie. [En effet, Wecandoo déconseille l’annulation de dernière minute qui risque de vous mettre les clients à dos, cependant, on est aussi d’accord que l’équilibre avec votre vie perso est important !]

Avoir un schéma et s’y tenir au maximum : par exemple, chez Gudule, les ateliers c’est le vendredi en fin de journée et le samedi après-midi. C’est pas tous les vendredis ni tous les samedis. Mais c’est en général toujours les mêmes vendredi et les mêmes samedi dans le mois.

Tenir compte de l’agenda du public aussi et s’y adapter : jours fériés, périodes de vacances, changement de saison, …

Savoir faire des pauses pendant l’année, notamment dans les périodes où le reste de l’activité est très intense.

Ne pas en faire plus que ce qu’on peut raisonnablement gérer.

Et enfin, trouver des collaborations pour se faire remplacer de temps à autre sans perdre en qualité.

Quelles sont tes perspectives pour le futur ? Est-ce que tu as des envies, des projets avec autant de participants et d’ateliers animés, comment fais-tu pour garder la flamme, le goût de la transmission? 

Il y a des jours où je n’ai vraiment pas envie et où je me prépare avec des pieds de plombs pour ces ateliers. Récemment, j’ai eu une semaine où j’ai eu 5 ateliers en 4 jours : inutile de dire que pour le 5ème, je n’étais pas très motivé. 


Mais dès que je démarre, la passion reprend le dessus. C’est naturel chez moi, je suppose. Mais c’est aussi une question de respect pour les gens qui ont payé pour participer à l’atelier.

Accueil d’un EVJF lors d’un atelier

Un dernier message, conseil, inspiration à partager avec les artisans de la communauté ?

Si vous êtes artisan, il y a forcément une passion derrière ça. Soyez fier de cette passion et partagez-la : le public est demandeur.

N’en faites pas des caisses et soyez juste vous : c’est comme ça que votre message passera le mieux.

Ne bradez pas cette passion : elle a une valeur et il faut la vendre au juste prix, sous peine de finir par se dégoûter des ateliers.


Retrouvez les ateliers de Thierry sur Wecandoo

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