Rencontre avec Olivier Dunouhaud, coutelier forgeron à Lyon

Un parcours riche en rebondissements, un revirement en 2016 qui lui donne envie de faire quelque chose de plus utile de ses dix doigts… rencontrez Olivier Dunouhaud, coutelier forgeron à Lyon. Chez Wecandoo depuis 2019, ses ateliers ne désemplissent pas. Les participants ravis repartent avec des couteaux qu’ils sont fiers de montrer à leurs proches et Olivier s’épanouit en partageant sa passion. Découvrez son retour d’expérience et ses conseils.

Découvrez ses ateliers sur Wecandoo

Wecandoo : Hello Olivier ! Est-ce que tu pourrais d’abord nous parler de ton parcours ? Comment en es-tu arrivé à faire des couteaux ?

Olivier : Je n’ai pas toujours été coutelier, je dirais même que c’est assez récent. Pour autant, j’ai quand même occupé mes dix doigts depuis ces trente dernières années. Technicien de formation (et d’âme), électro-mécanicien puis ingénieur en informatique, mon parcours s’est fait autour d’opportunités. Du secteur public au privé, de la grande distribution à l’industrie, quelques années dans le secteur de la défense et dix ans comme consultant…

Un premier virage important dans ma vie en 2008 lors de la création de notre propre structure avec trois associés : travailler autrement, sans la pression du « chiffre » à tout prix. En d’autres termes, « marre de la world company ! ». Dix années de travail intense, de partages, de rencontres…

Travail de coutellerie par Olivier

Et puis j’ai découvert, en 2016, que la vie pouvait être courte, voire très courte et qu’il fallait en profiter. J’ai eu besoin de retrouver l’envie de faire quelque chose de mes mains, quelque chose d’utile. Et quoi de plus utile qu’un couteau ? Certainement pas un smartphone…

Alors, vous allez me dire : « mais pourquoi la coutellerie ? ». Comme tout bon « paysan », toujours un couteau dans la poche. Depuis mes quinze ans, j’achète en moyenne deux couteaux par an, au gré de mes envies, de mes voyages, de mes coups de cœur. Je vous épargne le calcul, mais il y en a plein la maison, dans tous les tiroirs.

Est-ce que tu peux nous parler de tes inspirations dans la création ? Comment trouves-tu tes idées ?

Tous les jours, la première activité est de prendre une feuille blanche et un crayon… et d’imaginer ce que je vais forger. Puis viendra le choix des matériaux pour le manche (bois, os, corne…).

Je fais beaucoup de récupération (pour les aciers, mais aussi pour le bois). Il faut ensuite avoir assez d’imagination (et de savoir faire) pour transformer et mettre en valeur ces matériaux.

Couteaux créés par Olivier

Qu’est-ce qui te motive au quotidien dans la production de couteaux ?

Quoi de plus sympa que de présenter une belle lame, faite à partir d’un vieux burin, montée sur un manche en chêne, récupérée sur une vieille brouette… J’essaie dans tous les cas de raconter « l’histoire » de chaque couteau.

Tu animes des ateliers avec Wecandoo depuis 2019. Pourquoi avoir choisi de développer une offre d’atelier ? Quelle était ta motivation au début ?

Les journées “découvertes”, comme je les propose au travers de Wecandoo, me permettent de découvrir des personnes différentes, ayant chacune leur histoire… Quoi de plus valorisant (et satisfaisant !) que de les voir repartir avec la “banane” !

Chacun a forgé son couteau, compris les gestes… C’est ça que j’aime !

Travail de coutellerie par Olivier

Depuis tes débuts chez Wecandoo, tu as déjà accueilli plus de 360 participants avec de très bons commentaires. Bravo ! Comment en es-tu arrivé là ? Au début, quelle a été ta méthode pour avoir de nouveaux clients ?

Je suis arrivée sur Wecandoo sur la recommandation d’un autre artisan coutelier et ami, Thierry Boccoz, qui était déjà sur Wecandoo. Ses ateliers avaient tellement de succès qu’il n’arrivait pas à répondre à toute la demande. 

Du coup, dès que mes ateliers ont été mis en ligne, c’est parti en flèche ! Ils ont très rapidement été pris d’assaut. La chance que j’ai eu, c’est que je venais répondre à un vrai besoin des clients donc je n’ai pas eu à faire grand-chose pour remplir mes ateliers. Ça fait 4 ans que je fais ça et ça marche toujours aussi bien. 

En parallèle, Wecandoo fait déjà très bien son boulot. J’ai déjà 70 bons cadeaux en attente, dès que j’ouvre un créneau, il est pris d’assaut. Je n’ai donc plus grand-chose à faire pour trouver des clients. 

Ce qui chouette aussi, c’est que ce sont mes clients qui sont mes meilleurs commerciaux ! Les gens, quand ils sont venus chez moi, ils ont travaillé dur, c’était pas toujours facile, mais ils sont ravis, ils ont fait un beau couteau, ils ont passé une bonne journée. Donc dès qu’ils sortent leur couteau, pour l’apéro, pour un dîner… ils vont en parler à leurs copains et ça va me faire de la pub !

Dessins et couteaux de participants aux ateliers d’Olivier

Comment organises-tu le déroulé de tes ateliers pour que cela se passe au mieux ?

Pour moi, mon métier d’artisan c’est un changement de vie. Je le fais parce que je veux passer de bonnes journées au quotidien. Et pour ça, il faut que les participants eux aussi passent un bon moment !

Le jour avant l’atelier, je contacte les participants pour leur donner des indications sur l’adresse de l’atelier, leur rappeler le programme de la journée et leur proposer de m’envoyer un premier croquis du couteau qu’ils souhaitent. Cela me permet aussi de me faire une première idée du type de personne et d’établir un premier contact rassurant.

Le matin de l’atelier, je les accueille chaleureusement, leur offre un café et je leur fais visiter l’atelier afin de les mettre en confiance. Mon atelier est grand, avec des machines, pour certaines très anciennes, ils sont donc plongés tout de suite dans l’univers de la coutellerie et de la forge. Je leur assure ma présence et ma vigilance pour éviter les accidents. Dans les premières minutes, j’observe attentivement leur état d’esprit (motivation, curiosité, inquiétude, etc.) pour mieux les comprendre et m’adapter.

Ensuite, tout au long de la journée, je m’intéresse à eux, je réponds à leurs questions, je suis présent pour eux. Le déroulement typique de la journée (8h30 à 17h30) comprend la découverte de l’atelier et des outils, la préparation et conception de la lame, le processus de forge et de traitement thermique, l’émouture, la fabrication des plaquettes en bois, le montage par rivetage et les finitions. Nous partageons également un repas à la forge à midi. L’ordre des étapes est toujours le même.

L’activité que je propose sort de l’ordinaire, et les participants en sont impatients. La plupart d’entre eux n’ont jamais touché une forge. Ils sont motivés par la perspective de changer leur approche habituelle. La clé c’est que les participants confectionnent leur propre couteau selon leurs préférences. Qu’ils rencontrent des difficultés ou se retrouvent avec des ampoules n’a pas d’importance. Ils sont toujours fiers d’avoir relevé le défi !

Pendant la journée, je prends des vidéos, des photos et des gros plans, mais je veille à ne jamais inclure les visages des participants. Je leur envoie ensuite un lien WeTransfer contenant les vidéos, afin qu’ils puissent garder un souvenir de leur expérience et revoir leurs réalisations.

Je ne leur demande pas particulièrement de mettre des commentaires, voir qu’ils ont la banane me suffit amplement. Mais en général ils le font d’eux mêmes !

Participants en train de créer leurs couteaux avec Olivier

Est-ce que tu as des conseils à partager concernant la pédagogie ?

D’abord, les écouter, les conseiller, les détendre (pour ceux qui sont anxieux et stressés !). La clé, c’est de vraiment consacrer son temps à la personne qui est là, qui est venue pour passer un bon moment.

Je les rassure aussi, dès le café du matin, en leur rappelant le déroulement de la journée, les différentes étapes. Je les affiche aussi dans l’atelier. Et j’oublie pas d’y intégrer le repas aussi, c’est important ! Ça rassure.

Côté explications pratiques, j’ai un tableau blanc à la forge. Le temps que la forge chauffe, on se met devant le tableau et j’explique et dessine sous leurs yeux pour expliquer comment on va forger. Cela permet d’embrayer et de répondre à toutes leurs questions.

Les commentaires des participants ravis après un atelier avec Baptiste

Quels ont été tes apprentissages depuis tes débuts ? Quelle différence entre ta manière d’animer des ateliers aujourd’hui par rapport à tes débuts ?

Plus de sérénité, de savoir-faire, une adaptation/solution à toutes les demandes.

Pour moi, c’est toujours “en forgeant qu’on devient forgeron”. Les premiers ateliers que j’ai fait, je les ai fait avec les copains. Pour voir si j’arrivais à expliquer. 

A force d’expérience, on se rend compte que tel chose qu’on faisait n’apporte rien, on insiste plus sur certains sujets etc. C’est en essayant et en se trompant qu’on peut améliorer l’expérience. 

Donc il faut se lancer, faire les ateliers du mieux possible. Et le soir, prendre le temps de voir ce qui s’est bien passé, ce qui s’est moins bien passé. Et le lendemain s’améliorer !

Olivier avec un participant à un atelier

Aujourd’hui, qu’est-ce qui te motive au quotidien dans l’animation d’ateliers ?

Passer un bon moment, chaleureux… et faire une belle lame qui va être utilisée dès le retour à la maison.

Quelles sont tes perspectives pour le futur ? Est-ce que tu as des envies, des projets ? 

Continuer comme ça, et les rencontres feront le reste.

Un dernier mot / conseil pour les artisans de la communauté ?

Ne rien attendre de quiconque… et tout arrivera naturellement, en temps et en heure.


Retrouvez les ateliers d’Olivier sur Wecandoo

Zeen is a next generation WordPress theme. It’s powerful, beautifully designed and comes with everything you need to engage your visitors and increase conversions.

Plus d'articles
Que faire quand il pleut ? 5 idées d'activités pour un moment réconfort
Que faire quand il pleut ? 5 idées d’activités pour un moment réconfort
%d blogueurs aiment cette page :