ATELIER_PARIS_COSMETIQUE_RAMA

Rencontre avec Rama, une artisan savonnière solidaire

Rama est une artisan savonnière. Véritable passionnée du naturel et du fait maison, elle apprend seule au début et se perfectionne ensuite au contact d’autres artisans. Rapidement, elle lance Purae Cosmetics, sa marque de savons. Partons à la découverte d’une artisan savonnière engagée qui va d’hôpital en hôpital pour prendre soin des mains de nos soignants. Rencontre.

Wecandoo : Comment est arrivée cette créativité dans ta vie ?

Rama : J’ai toujours aimé réaliser mes petites tambouilles ! Déjà quand j’étais petite, je passais mon temps à cueillir les roses de mes (pauvres) voisins, pour les mélanger avec de l’eau dans l’idée d’en faire du parfum. Plus grande, j’ai gardé cette créativité dans mes loisirs, jusqu’au moment où l’appel de la (ma) nature a été plus fort et j’ai décidé de me dédier entièrement à cette activité.

Quel est ton parcours ?

Je viens d’un cursus langues étrangères appliquées. J’ai d’abord fait une licence en traduction, puis un master en marketing et commerce international vers les pays hispanophones. J’ai ensuite travaillé plusieurs années comme chargée de développement export.

Comment as-tu appris ce métier d’artisan savonnière ? 

En autodidacte au début, surtout pour l’aspect artistique notamment les techniques de marbrage. Je me suis formée auprès d’autres savonniers principalement anglosaxons, puis à travers mes lectures et recherches sur le sujet sur le côté chimique et théorique du savon, les propriétés des huiles, les acides gras etc. Au fur et à mesure des années – 10 ans maintenant que je savonne ! – j’ai pu acquérir une expertise dans mon domaine. Etre savonnière pour moi c’est vraiment une vocation !

La nature a une place importante, quel est le lien avec ton métier et ton quotidien ?

La nature est au centre de mon métier et de mon quotidien ! Je m’inspire d’elle, mes matières premières viennent d’elle… De fait, juste avant de lancer mon projet, j’ai suivi une formation d’un an sur les usages alimentaires, médicinaux et cosmétiques des plantes sauvages avec le Chemin de la nature. Lors de mes sorties ou promenades, je fais des cueillettes de plantes pour les utiliser et les incorporer dans un savon, en faire des macérâts huileux ou des baumes, afin de bénéficier de leurs propriétés.

Tu utilises la technique de la saponification à froid, pourquoi ?

Cette technique me permet de garder certaines propriétés intéressantes des matières premières utilisées. De plus, le savon fabriqué à froid doit curer, c’est-à-dire sécher, s’affiner un peu comme un fromage pendant 4 à 6 semaines avant de pouvoir être utilisé. J’adore observer l’évolution d’un savon durant la cure, et il y a une sorte de charme à aller à contre-sens de cette société de la rapidité, où tout doit être prêt pour hier. Avec le savon à froid, on apprend la patience, on laisse le temps à la nature de faire son œuvre, je trouve qu’il y a un côté très éveil de la conscience.

Quels sont les ingrédients indispensables pour fabriquer ses cosmétiques soi-même ?

Je suis une grande adepte de la cosmétique simple, zéro déchet. Mes indispensables sont un beurre végétal, généralement le karité, une ou deux huiles végétales du genre olive et macadamia, ma cire émulsifiante chouchou l’Olivem 1000 et un conservateur. Avec cela, on a de quoi faire toute une batterie de cosmétiques, des cheveux aux orteils !

Rama de Purae Cosmetics

À quoi ressemble ton quotidien en ce moment ?

En ce moment j’ai repris la production de savons pour les laisser en cure, en prévision de la fin du confinement. Parallèlement, avec une autre cosméticienne nous réalisons des baumes réparateurs pour les mains afin de les offrir aux personnels hospitaliers. C’est une cadence assez soutenue car on reçoit pas mal de demandes et on passe donc nos journées à fabriquer.

Comment as-tu eu l’idée de lancer la fabrication de baumes pour les soignants ? Où sont-ils distribués ? Penses-tu renouveler l’opération chaque semaine ?

J’ai répondu à une annonce sur Facebook d’une personne qui cherchait quelques crèmes pour les mains de ses collègues soignants. Suite à cela que j’ai été contactée par l’association des voisins de l’hôpital Tenon qui était à la recherche également de crèmes pour les soignants et les AHS. Au vu de la demande importante, j’ai contacté une cosméticienne, Hend de Natyvis afin que l’on mette en commun nos forces pour répondre entièrement à leur demande. Nous avons lancé une cagnotte pour nous aider à rembourser les matières premières utilisées. Nous avons commencé les premières livraisons mercredi et nous devrions finir fin semaine prochaine. Pour l’instant nous sommes à près de 1200 baumes pour Tenon, l’hôpital de Longjumeau, de Créteil, de Corbeil et prochainement la clinique de Meudon et Bichat. Nous répondons au fur et à mesure des demandes que nous recevons.

Penses-tu que la crise va pousser les personnes à consommer autrement ?

Je l’espère ! Depuis le début de cette crise, la consommation locale et en circuit court a explosée, ce qui est très positif. Je pense que cette pause imposée nous permet de réaliser ce qui est réellement important, de faire plus attention à notre environnement, notre manière de consommer. À titre personnel, je me rends compte que je n’ai fait aucune dépense superflue depuis le début du confinement, je n’ai acheté que ce dont j’avais réellement besoin et je constate que je ne suis pas la seule, beaucoup sont dans le même cas. Je suis donc optimiste pour la suite quant à notre conscientisation.

Quels sont tes projets pour les mois à venir ?

Je prévois de lancer de nouveaux cosmétiques dans ma gamme, lancer une nouvelle offre d’ateliers et développer un projet associatif en lien avec mon activité auquel je réfléchis depuis plusieurs mois. Toutefois je ne sais pas encore dans quelle situation nous serons au déconfinement, donc le maître-mot sera accepter les choses comme elles viennent et surtout faire preuve d’une grande capacité d’adaptabilité. Les prochains mois sont encore incertains mais je reste positive par-dessus tout.

Qu’est-ce que tu aimes dans l’animation des ateliers Wecandoo ?

J’adore le fait de rencontrer de nouvelles personnes de tous horizons, partager mon savoir-faire, voir les yeux s’illuminer en observant sa réalisation prendre vie… Les ateliers sont aussi des moments de détente car je fabrique en même temps que les participants et je peux laisser libre cours à ma créativité et m’amuser avec les couleurs, les senteurs. Pour les rendre plus vivants, je varie les techniques de marbrage tous les mois.

À quel savoir-faire souhaiterais-tu t’initier sur Wecandoo ?

Tous ! Haha plus sérieusement, j’adorerais m’initier à la parfumerie, à la réalisation de chapeaux et à la vannerie.

As-tu une jolie anecdote à nous partager ? 

Un jour j’ai fait un atelier pour une famille à l’occasion de l’anniversaire de leur fils. J’ai reçu un message quelques jours plus tard car l’enfant avait adoré, voulait faire un exposé pour en parler à l’école et voulait savoir comment faire pour devenir, je cite, « maître savonnier ». Cela m’avait beaucoup touché.

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